Alors que la France continue à menacer la Syrie de frappe militaire au cas où une attaque chimique venait à se produire dans des zones dites "rebelles", le président français s'est refusé à commenter le gazage au chlore perpétré par les terroristes retranchés à Idlib contre les civils syriens ce samedi 24 novembre. Motif? Ces civils vivent dans des zones contrôlées par le "régime". Le président français s'est même payé le luxe de remettre en cause implicitement les informations diffusées par les médias syriens et russes sur cette attaque qui a fait 107 blessés. Pourtant en avril 2018, c'est sur base d'une supposée attaque chimique que la France a participé aux côtés des États-Unis et de la Grande-Bretagne dans des frappes contre la Ghouta orientale. Il y a quelques jours, Sputnik faisait état des préparatifs d'une attaque chimique que les terroristes d'al-Nosra mettaient au point. L'agence a même évoqué l'implication des "éléments français" dans le transfert des substances chimiques. Selon certains analystes la réaction du président Macron à l'attaque chimique du samedi 24 novembre renvoie surtout à la réponse violente de l'armée syrienne et de l'aviation russe. Dans les heures suivant l'attaque au chlore, la Russie a bombardé les repaires des auteurs présumés de l'attaque à Idlib.
Le président français Emmanuel Macron a en effet réagi à l’attaque au chlore en ces termes : La France ne dispose pas d’informations « claires et suffisantes » sur l’attaque chimique à Alep, s’est dédouané Macron lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet spécial sur le Brexit, à Bruxelles. L’attaque chimique a pourtant été confirmée par les autorités russes et syriennes.
Le chef de l’État français s’est contenté de dénoncer l’utilisation d’armes chimiques : « La France condamne, évidemment, l’utilisation d’armes chimiques (…) et je souhaite que ceux qui diffusent ces informations sur cette possible utilisation d’armes chimiques partagent leurs informations, en particulier avec l’agence internationale à La Haye pour pouvoir identifier cette utilisation et l’attribuer. »
L’agence d’information syrienne SANA a rapporté, dimanche 25 novembre, que les groupes terroristes opérant dans la zone de désescalade d’Idlib ont tiré, le samedi 24 novembre tard dans la soirée, des obus de mortier de 120 mm, remplis du chlore sur les quartiers résidentiels du nord-ouest d’Alep. Au moins 107 civils ont été blessés selon un dernier bilan, fourni par Damas. Selon les premières informations citées par les sources russes, le type des blessures des victimes met clairement en exergue que les obus tirés sur les quartiers résidentiels de la ville d’Alep contenaient bel et bien du chlore.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a adressé une lettre au Conseil de sécurité et au secrétaire général de l’ONU pour mettre en garde contre le danger de l’usage des substances chimiques par les terroristes contre la population civile.
Dans cette lettre, Damas a souligné que les substances chimiques avaient été livrées aux terroristes par certains pays occidentaux. « Cette attaque terroriste résulte de ce que certains pays facilitent la livraison de substances chimiques aux groupes terroristes en vue de les utiliser contre le peuple syrien et d’en accuser par la suite les autorités syriennes », peut-on lire dans cette lettre.
Par ailleurs, dans un communiqué publié ce dimanche, le ministère russe de la Défense a déclaré que les obus au chlore ont été tirés depuis une zone contrôlée par les terroristes du Front al-Nosra (rebaptisé Hayat Tahrir al-Cham). Selon Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, l’attaque contre la ville syrienne d’Alep menée par des extrémistes est une tentative de saboter l'amélioration de la situation en Syrie et devra être dénoncée par la communauté internationale.
« Auparavant, la partie russe avait informé la communauté internationale de l’intention des casques blancs de mettre en scène une attaque chimique pour en accuser faussement Damas », a rappelé Konachenkov avant d’ajouter : « Les experts russes suivent de près la situation dans la zone de désescalade à Idlib et ils sont en contact permanent avec la partie turque qui est chargée d’assurer la sécurité de cette zone ».
Des sources locales soulignent que les substances chimiques utilisées par les terroristes avaient été transférées ces derniers mois dans l’ouest de la province d’Alep.
Ces derniers jours, plusieurs équipes d’experts français ont traversé la frontière entre la Turquie et la Syrie pour se rendre dans les secteurs qui sont contrôlés par les terroristes. Leur mission consistait à remplir des obus de substances chimiques et de gaz toxiques pour que les terroristes les tirent ensuite vers les quartiers civils de la ville d’Alep.